C’est vrai (voici le lien aux slides de la réunion publique d’hier soir à Montrouge), il y aura des arbres, des trottoirs, des pistes cyclables, des voies de bus, le tout looké à l’air du temps. Mais attention, par un de ces dysfonctionnements déplorables de la démocratie représentative qui sont de plus en plus fréquents, le nouveau projet de la RD920 (ex Nationale 20, av Aristide Briand à Montrouge) est une très mauvais nouvelle pour toute notre petite ville.
Ce soir le projet sera présenté à Bagneux à la salle de fêtes Léo Ferré à 19h. A Arcueil ce sera le 2 mai, à Cachan le 3 mai. Que ceux qui y vont, nous fassent part de leurs commentaires.
Tout semble avoir été planifié comme si on n’avait pas compris que plus il y a de files pour les voitures, plus on aspire de voitures. Ou encore que là où une route passe de 4 à 2 voies on aura fatalement des embouteillages. Ou encore que si on perce des ouvertures d’un grand boulevard saturé vers des petites rues résidentielles, celles-ci auront beaucoup plus de circulation. Si on voulait polluer davantage nos deux kilomètres carrés on ne s’y prendrait pas autrement. Et Il est prévu bien sûr d’abattre tous les arbres existants qui ne se trouvent pas dans les alignements futurs : “La suppression de nombreuses arbres est nécessaire” nous a-t-on dit.
Lorsqu’un des représentants du 92, sous le feu des questions, a dit avec fierté (je cite de mémoire) “Nous, en Hauts-de-Seine, nous ne sommes pas comme à Paris, nous ne sommes pas anti-voiture” on a tout compris. Il n’en pouvait plus, il n’avait aucune réponse à fournir face aux cyclistes écolo-militants, dont les voix vives se sont élevées de partout. Même le représentant du Val-de-Marne (minoritaire 1/3 par rapport aux 2/3 Hauts-de-Seine dans l’instance décisionnaire) n’a pu qu’exprimer sa frustration face à si peu de proactivité.
Nous avons été plusieurs de l’association Mon Montrouge à écouter sagement. (Que ceux qui étaient présents rajoutent leurs commentaires svp). Ces nouvelles voix activistes sont venues de toutes les communes dont les habitants empruntent l’actuelle route, non pas pour se balader, mais pour rouler. Le vélo c’est leur moyen de transport. Notre maire, qui se revendique cycliste, l’a reconnu, l’avenir c’est le vélo. Comment peut-on dans ce cas ne pas prévoir des deux côtés du futur “boulevard urbain” une piste à vélo à double-sens bien séparée à la fois des voitures et des piétons? C’est possible en réduisant le nombre de files de voitures dans chaque sens.
Autre moment désolant : lorsque notre maire a vanté les mérites des études poussées et détaillées de tous les moyens de la mobilité : le PDU, Plan Déplacement Urbain prévu en 2019. Ça sonnait bien — jusqu’à ce qu’on réfléchit que ce qu’ils pourront étudier ce sont soit les comportements actuels, soit ceux induits par le nouveau projet une fois qu’il sera en place. Mais si on le dessine de telle sorte qu’on aspire toujours plus de voitures, et qu’on chasse les cyclistes qui ont besoin de rouler, qu’est qu’on pense qu’ils trouveront avec toutes leurs statistiques? On ne les voit pas tout casser et recommencer de sitôt.
On prévoit une “restructuration” des lignes d’autobus, qui passeront de 5 à 3 à l’avenir. A certains endroits on supprimera des couloirs de bus. N’ont ils pas compris non plus, comme l’a dit un des participants “Un métro ne remplace pas un bus” ?
Le projet prévoit aussi la suppression des passages piétons existants empruntés tous les matins par des parents accompagnant leurs enfants à l’école — dont un père particulièrement éloquent à qui on n’a pu donner comme raison de ce gâchis que “Les passages souterrains ne sont plus à la mode”.
Les cyclistes aussi aiment leurs mamies, leurs petits en poussettes, leurs enfants et compagnes à trottinettes, leurs ados à skate : ils ne veulent surtout pas avoir à les éviter comme sur “un champs de mines »! Ils veulent rouleur; ils ont besoin de rouler. C’est leur moyen de transport. Si on veut favoriser les mobilités douces, et par ces temps de changement climatique on n’a vraiment pas le choix, c’est eux, c’est nous-mêmes à vélo, qu’il faut aspirer en fournissant les voies qu’ils réclament — tout en offrant une place accueillante aussi à tous ceux qu’on aime à pied et à roulettes.
“Peut mieux faire”
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